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Le Liban Aujourd'hui
15 mars 2006

Les Accords

Relations diplomatiques avec la Syrie, délimitation des frontières pour Chebaa et 6 mois pour en finir avec les armes palestiniennes hors des camps

Le gouvernement a désormais des kilos de pain sur la planche

La question de la présidence et celle des armes du Hezbollah remises au 22 mars

Au deuxième jour de la deuxième session du dialogue national en présence de tous les leaders du pays et à l’issue d’un douzième round de négociations, les Quatorze se sont entendus « à l’unanimité » sur trois points et décidé de se retrouver le mercredi 22 mars pour continuer à débattre autour de questions encore litigieuses, à l’instar de la présidentielle ou des armes du Hezbollah. Les trois points d’entente portent sur les relations libano-syriennes, les armes palestiniennes (notamment hors des camps) et la libanité des fermes de Chebaa. Sachant que c’est désormais au gouvernement Siniora que revient la lourde et importante tâche de chercher et de trouver les mécanismes d’application de ces accords.
Un : il a ainsi été convenu d’asseoir les relations libano-syriennes sur des bases « claires et constantes » destinées à combler les lacunes qui ont parasité ces liens. Ces bases sont les suivantes :
– Ne pas faire de la Syrie une source de menaces pour la sécurité du Liban et des Libanais, ni du Liban une source de menaces pour la sécurité de la Syrie et des Syriens. Ceci équivaut à contrôler la frontière commune des deux côtés, et le gouvernement Siniora est invité à prendre les mesures adéquates en ce sens.
– Sacraliser une règle d’or : la non-ingérence de chacun des deux pays dans les affaires internes de l’autre.
– Édifier des relations amicales entre les deux États, basées sur le respect et la confiance mutuels et qui se concrétiseraient dans les plus brefs délais par l’établissement de relations diplomatiques syro-libanaises par le biais de l’ouverture de deux ambassades.
– Redynamiser l’action de la commission mixte entre les deux pays afin qu’elle poursuive et clôture le dossier des disparus et des prisonniers dans les deux pays le plus vite possible.
Deux : les Quatorze se sont entendus sur la libanité des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba, et ont assuré le gouvernement de leur entier soutien concernant tous les contacts qu’il va effectuer afin d’arriver à prouver cette libanité et « délimiter » les frontières avec la Syrie, suivant les règles en vigueur acceptées par les Nations unies.
Trois : un accord a enfin été trouvé au sujet des armes palestiniennes, et les participants se sont entendus sur les points suivants :
– Presser le gouvernement de poursuivre ses efforts afin de régler les problèmes sociohumanitaires des réfugiés palestiniens dans et hors des camps, avec ce que cela implique comme facilitations légales, suivi sérieux de la part de la communauté internationale et assurance de garantir à ces réfugiés une vie digne d’ici à leur retour chez eux.
– Appuyer le gouvernement dans ses efforts visant à obtenir, par le dialogue, le désarmement hors des camps d’ici à six mois, puis à régler la question des armes à l’intérieur avec, en toile de fond, la responsabilité de l’État dans la protection de ces camps de toute agression.
– Considérer que le paragraphe du préambule de la Constitution relatif au refus de toute division, partition ou implantation est une partie à part entière du document de coexistence, et que tout pouvoir qui contredirait cela n’aurait aucune légitimité.
Ces points ont été explicités par Nabih Berry lui-même au cours d’une conférence de presse à laquelle ont notamment assisté Saad Hariri, Samir Geagea et quelques députés. « Nous avons également débattu de la question de la présidentielle, mais cela nécessite davantage de discussions. Nous sommes convenus de cette nécessité afin d’arriver à régler la crise de pouvoir qui secoue le pays. Idem en ce qui concerne les armes de la Résistance », a indiqué le président de la Chambre, qui a ensuite répondu aux questions tous azimuts des journalistes. Il a notamment évoqué la « détermination » de l’ensemble des participants à poursuivre tous ces dossiers afin que tout ce sur quoi ils se sont mis d’accord ne reste pas lettre morte. Quid de la libération des fermes de Chebaa une fois leur libanité éventuellement prouvée ? « Nous n’avons pas évoqué cela, mais le droit de la Résistance est légal », a répondu Nabih Berry, affirmant que le Liban dispose déjà d’un dossier complet à ce sujet qu’il entend transmettre à l’ONU,et de la réponse des Nations unies dépendront les mesures qui seront ensuite adoptées, démentant catégoriquement que les questions de la présidence et des armes de la Résistance soient liées.

Les réactions
« La langue arabe est riche, très riche, elle va de tracé à délimitation (NDLR, des frontières…) ; elle est riche et utile. La séance était utile aujourd’hui (hier), et au cours de cette séance, nous sommes passés du tracé à la délimitation, et nous nous sommes entendus sur un point essentiel. Maintenant, que Dieu assure le succès à Fouad Siniora à Damas… » a dit le chef du PSP, Walid Joumblatt, à l’issue du douzième round des négociations.
Quant au patron du Courant du futur, Saad Hariri, il a indiqué que « nous nous sommes rendu compte, en tant que Libanais, que si nous commençons à débattre sérieusement autour d’une table, nous sommes capables de régler les problèmes. Vous verrez que les questions encore en suspens, eh bien nous arriverons à leur trouver une solution, tout seuls », a-t-il poursuivi, assurant qu’aujourd’hui, « il n’y a ni vainqueur ni vaincu : c’est le Liban qui a gagné. Aujourd’hui, nous avons réussi à donner tout notre soutien au gouvernement. L’important, c’est que ceux qui divergeaient radicalement sur plusieurs points il y a trois mois ont pu dialoguer objectivement et prendre des décisions », a ajouté le député de Beyrouth. Qui a indiqué, en réponse au point de savoir s’il soutenait la poursuite de la résistance pour libérer les fermes de Chebaa, que « toutes ces questions se traitent par le dialogue ». Et qu’est-ce qui garantit l’exécution des points sur lesquels il y a eu unanimité ? « La garantie ? C’est que les leaders politiques se sont entendus », a soutenu Saad Hariri.
Le chef des FL, Samir Geagea, a lui aussi refusé la logique du vainqueur et du vaincu, tout en affirmant que ce n’est pas pour autant que les deux parties se sont rejointes. « Qui aurait dit il y a deux jours que nous allions aboutir à des dénominateurs communs ? Le chemin est long, mais il y a des progrès évidents, et il suffit que nous nous soyons entendus sur plusieurs points jusqu’à ce jour », a-t-il dit, rappelant qu’il n’a pas changé d’un iota sa position concernant la nécessité d’en finir avec la présence d’Émile Lahoud à Baabda. « Et nous reviendrons à la rue s’il s’avère impossible de régler ce problème par le dialogue », a précisé le chef des FL, assurant qu’il existe des noms, un remplaçant. Il a précisé en outre que la donne a changé, que ce n’est plus une conférence de dialogue, mais que ce dialogue en question va se poursuivre d’une façon non continue afin de régler tous les problèmes. Prié de dire s’il soutient la résistance comme moyen de libérer les fermes de Chebaa, il a répondu que si la diplomatie n’est pas capable d’entraîner cette libération, « nous retournerons à la résistance ».
Enfin, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a exprimé la satisfaction de son parti par rapport aux « résultats réalistes » auxquels ont abouti les participants, et qui ont reflété « le sérieux, la totale sincérité et la profondeur dans l’approche des sujets délicats », a-t-il dit, saluant cette conférence de dialogue « transparente et franche ».

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