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Le Liban Aujourd'hui
24 mars 2006

Fouad Siniora

Chassé-croisé à Charm el-Cheikh
entre le Premier ministre et Farouk el-Chareh…
Siniora : Pas d’initiative arabe,
mais des concertations permanentes avec l’Égypte et l’Arabie saoudite.

À quelques jours de l’ouverture du sommet arabe de Khartoum, l’Égypte semble vouloir déployer des efforts pour assainir les relations entre le Liban et la Syrie. Le raïs égyptien Hosni Moubarak a ainsi reçu hier à Charm el-Cheikh successivement le Premier ministre, Fouad Siniora, et le vice-président syrien, Farouk el-Chareh.
M. Siniora est arrivé à bord d’un avion privé à 9 heures du matin et il a été aussitôt reçu par le président Moubarak. La réunion, qui s’est tenue en présence du ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, et du chef des renseignements égyptiens, le général Omar Sleimane, a duré une heure quarante minutes. À l’aéroport de Charm el-Cheikh, le Premier ministre a précisé que cette visite intervient à la suite de l’invitation que lui avait adressée la veille, par téléphone, le président égyptien. « Elle a été l’occasion d’échanger les points de vue avec le président Moubarak, qui est un grand ami du Liban, a déclaré M. Siniora. Je l’ai informé des résultats auxquels a déjà abouti le dialogue interne et nous avons aussi parlé du prochain sommet arabe qui doit se tenir à Khartoum. »
Siniora a toutefois indiqué qu’il n’avait pas encore pris de décision définitive au sujet de sa participation au sommet arabe, dans le cadre d’une délégation distincte de celle que préside le chef de l’État. Mais il a rappelé qu’à New York, en septembre dernier, il n’y avait pas non plus deux délégations distinctes, puisque le président s’y était rendu pour participer à la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, alors que lui-même avait participé à une réunion consacrée à l’aide au Liban.
Rappelons à cet égard que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré hier qu’aucune structure n’est prévue pour deux délégations différentes pour un même pays. Et il a ajouté que le sommet se tient au niveau des chefs d’État.
En tout état de cause, le Premier ministre a affirmé, en réponse à une question, qu’il faudra juger de l’objectif de la participation du chef de l’État au sommet de Khartoum après avoir pris connaissance de la teneur du discours qu’il y prononcera.
M. Siniora a aussi qualifié l’entretien avec Moubarak d’excellent. « Je l’ai informé de la reconnaissance par toutes les parties libanaises de la libanité des fermes de Chebaa, ce qui était déjà la position du gouvernement libanais, a déclaré le chef du gouvernement. Mais cette libanité doit être confirmée auprès des Nations unies selon un mécanisme préétabli qui suppose un accord entre le Liban et la Syrie, et la signature conjointe des cartes géographiques qui délimitent les frontières dans ce secteur. À ce moment-là, le Liban demandera à l’ONU qu’elle applique dans ce secteur les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité. »
Le Premier ministre a affirmé avoir évoqué avec le raïs le dossier de la présidentielle ainsi que les relations libano-syriennes. Il a rappelé à cet égard que le Liban souhaite de bonnes relations avec la Syrie, qui reste un pays frère. « Depuis Riad Solh jusqu’à Rafic Hariri, c’est la même devise : le Liban ne peut être gouverné contre la Syrie, mais il ne peut non plus être gouverné à partir de la Syrie. »

Chareh : La Syrie
n’intervient pas dans
le dialogue interlibanais
À peine le Premier ministre libanais parti, le président égyptien recevait le vice-président syrien, qui a déclaré à l’issue de cet entretien que « la Syrie espère que le dialogue interlibanais réussira, mais elle n’y intervient pas. Elle espère aussi que le prochain round sera un succès ». M. Chareh a encore affirmé que les sujets discutés dans le cadre des réunions du dialogue « concernent les Libanais. Ils en discutent entre eux et non pas avec la Syrie qui ne peut donc pas être accusée d’entraver ce dialogue ».
Concernant la possibilité d’une rencontre entre responsables libanais et syriens en marge du sommet de Khartoum, le vice-président syrien a déclaré qu’elle dépendait de qui représentera le Liban à ce sommet.

Le Liban et la nation arabe
Selon les agences d’information, M. Chareh a remis au président égyptien un message de son homologue syrien sur la situation dans la région. Et aux journalistes qui l’interrogeaient, il a répété que la Syrie a appliqué sa part dans la résolution 1559. « Et ceux qui disent le contraire se trompent », a-t-il affirmé.
De retour à Beyrouth, le Premier ministre s’est aussitôt rendu au siège du Parlement, où se tenait une séance plénière. Celle-ci achevée, M. Siniora a eu un entretien avec le président de la Chambre, Nabih Berry.
Aux journalistes qui l’attendaient, le Premier ministre a déclaré qu’il n’y a pas à proprement parler d’initiative arabe, mais une concertation permanente avec les frères arabes, en particulier l’Égypte et l’Arabie saoudite. Il a ainsi précisé que le roi Abdallah d’Arabie sera aussi mis au courant des résultats du dialogue interlibanais. « Je suis, depuis toujours, convaincu que le Liban fait partie de la nation arabe, a déclaré M. Siniora. Il se solidarise avec ses causes et vice versa. Les frères arabes se tiennent donc aux côtés du Liban et nous les tenons informés de ce qui se passe chez nous. Nous les consultons et j’ai bon espoir de parvenir à un résultat satisfaisant. »
M. Siniora a ajouté que certains points doivent aussi être discutés « avec les frères en Syrie, et nous sommes soucieux de l’établissement de bonnes relations avec ce pays. Et c’est parce que nous tenons à ces relations que nous demandons un tracé des frontières dans le secteur des fermes de Chebaa ». Siniora a ajouté que sa visite en Syrie doit être bien préparée.
En réponse à une question, il a déclaré que le dossier présidentiel libanais ne figurera pas à l’ordre du jour du sommet, mais il sera certainement évoqué dans les entretiens bilatéraux et les concertations dans les coulisses.
À un journaliste qui lui faisait part des réserves du président Lahoud sur ses voyages sans revenir au Conseil des ministres, M. Siniora a répondu : « La fonction de président de la République est essentielle et nous la respectons. Mais la politique du gouvernement est exprimée par le Premier ministre. Lorsqu’il s’agit de parler au nom du Liban, les concertations entre toutes les parties sont nécessaires. »

L'Orient Le Jour.

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