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Le Liban Aujourd'hui
25 mars 2006

Terjé Roed Larsen

L’émissaire d’Annan estime,
au regard du ballet diplomatique dans le monde arabe,
que « le timing est le bon ».
Roed-Larsen insiste sur l’urgence d’un tracé des frontières
et de relations diplomatiques entre Beyrouth et Damas.

terj__roed_larsen1Ce sont d’évidentes nécessités que le représentant personnel de Kofi Annan pour le suivi de l’application de la 1559 a tenu à marteler hier à Beyrouth, dans une visible et bienvenue volonté de rappeler, notamment au régime syrien, une double urgence : délimiter les frontières libano-syriennes afin de prouver la libanité des fermes de Chebaa, et établir des relations diplomatiques entre Beyrouth et Damas afin de décrisper les relations entre les deux pays. Terjé Roed-Larsen a insisté sur le fait que cela ne peut se faire qu’« à deux », et que seule une action commune du Liban et de la Syrie, et uniquement de ces deux pays, pourrait aboutir à des résultats concrets en harmonie avec la 1559.
La première journée de travail de Terjé Roed-Larsen, censé présenter son rapport d’étape vers la mi-avril, a commencé par un entretien au palais Bustros, avec son « ami » Faouzi Salloukh, le ministre des Affaires étrangères. Commençant par rendre hommage au gouvernement et saluer les résultats auquel le dialogue national « a abouti, sans aucune influence étrangère », le diplomate onusien a insisté sur le fait que tous les sujets y étaient débattus « avec beaucoup de franchise et de transparence. Mais le plus important est l’unanimité autour de l’urgence de délimiter la frontière entre le Liban et la Syrie, notamment au regard des zones de tensions à certains points de cette frontière. Il est nécessaire que les deux parties s’assoient à la même table pour mettre un terme aux problèmes liés à leur frontière commune », a-t-il insisté. Terjé Roed-Larsen a tenu à préciser que la ligne bleue constitue la ligne de retrait, et qu’elle correspond aux frontières internationales et que « dans tous les cas, ceci n’aura aucun impact négatif sur tout éventuel accord frontalier futur entre le Liban et la Syrie ».
L’émissaire de Kofi Annan a assuré qu’à l’ONU, tout le monde est conscient de l’existence de documents prouvant la propriété des fermes de Chebaa. « Mais cela ne sert à rien, parce que l’ONU n’est concernée que par les accords bilatéraux. Si un accord est signé de la bonne manière, il est immédiatement transmis aux Nations unies et la frontière libano-syrienne sera ainsi dûment enregistrée », a-t-il poursuivi. « Sauf que cela nécessite la participation des deux pays, aucun des deux ne peut faire cela seul. Nous allons offrir le soutien nécessaire, et je pense que les concertations qui ont lieu en ce moment dans le monde arabe montrent que c’est le bon timing pour que les deux parties discutent et se mettent d’accord. Nous appuierons tout résultat auquel ces concertations parviendraient », a assuré Terjé Roed-Larsen.
Et au sujet des relations diplomatiques « naturelles » entre les deux pays, il a réitéré une nouvelle fois la position onusienne : « Les relations libano-syriennes sont actuellement troublées et les deux pays sont capables, en travaillant à deux, de désamorcer cela en établissant des relations civilisées, naturelles, diplomatiques. »
L’émissaire d’Annan a ensuite tenu à féliciter le gouvernement Siniora pour sa manière de traiter le dossier palestinien, « camps et miliciens inclus ». Il a qualifié de « magnifique et très positive » la visite d’une commission ministérielle dans les camps de réfugiés, « c’est exactement la meilleure façon de faire ; cette initiative est en totale harmonie avec l’accord de Taëf et la résolution 1559. D’ailleurs, tous les sujets que nous avons évoqués (avec le ministre Salloukh) sont imprégnés de l’esprit de Taëf », a-t-il insisté, condamnant fermement les violations israéliennes de l’espace aérien libanais.
Quant au ministre des AE, il s’est arrêté sur ces violations, « qui troublent la stabilité au Liban-Sud et contredisent les résolutions 425 et 1559, qui appellent au respect de la souveraineté du Liban ». Il a également souligné que le Liban est « attaché à un dialogue sérieux avec les Nations unies afin de régler tous les problèmes épineux ».

Avec Geagea puis Joumblatt
Quant au deuxième entretien de Terjé Roed-Larsen, c’est avec le ministre de la Justice, Charles Rizk, qu’il s’est tenu, en présence de deux conseillers onusiens, Fabrice Aidan et Marcus Bouillon, ainsi que des juges Ralph Riachi et Chucri Sadek. Terjé Roed-Larsen a de nouveau mis l’accent sur la nécessité de réduire la tension entre Beyrouth et Damas par le biais de l’établissement de relations diplomatiques et d’une délimitation de la frontière entre les deux pays.
Ensuite, le diplomate onusien s’est rendu au ministère du Tourisme où il s’est entretenu avec le locataire des lieux, Joe Sarkis, et le chef des FL, Samir Geagea. Rebelote : les deux hommes ont évoqué les relations diplomatiques avec la Syrie, « une initiative qui bénéficie du soutien des pays arabes et de l’ONU », a dit Terjé Roed-Larsen. « Idem pour le tracé des frontières, qui doit se faire parallèlement », a-t-il ajouté, soulignant qu’« il faut être deux pour danser un tango ».
Quant à Samir Geagea, il a affirmé que les propos du n° 2 syrien Farouk el-Chareh, qui avait dit que Damas ne prétend pas que les fermes sont syriennes, « sont dénués de tout fondement légal aux yeux des Nations unies. Ces propos doivent être traduits par un procès-verbal commun. Si ce qu’il affirme est vrai, qu’est-ce qui empêche la rédaction de ce document ? » s’est demandé le chef des FL, estimant que le règlement de la question des fermes décrisperait notablement les relations libano-syriennes. Et assurant qu’il n’avait pas évoqué la question de la présidentielle avec son interlocuteur norvégien, Samir Geagea a répondu à une question liée à la dernière prise de position du patriarche Sfeir, qui s’était prononcé contre un recours à la rue afin de provoquer le départ d’Émile Lahoud – option prisée par Geagea lui-même : « Nous sommes démocrates, nous refusons la violence, le désordre ou toute atteinte à la sécurité. Mais concernant la présidence de la République, nous ferons tout ce que nous avons à faire dans le cadre de la Constitution et des lois en vigueur, parce qu’il est inadmissible que le Liban continue d’être privé de chef d’État », a dit le leader maronite.
L’émissaire onusien s’est ensuite rendu au domicile du ministre des Télécommunications, Marwan Hamadé, où se trouvait le chef du PSP, Walid Joumblatt. L’entretien entre les trois hommes, auquel participait également le représentant personnel de Kofi Annan au Liban, Geir Pedersen, a duré près d’une heure et demie. Au cœur des discussions : les mesures qui pourraient être prises par le Liban afin qu’il obtienne une reconnaissance écrite syrienne sur la libanité des fermes, ce qui signifierait que le dossier ne serait plus lié à la résolution 242, mais à la 425.
Après s’être entretenu avec le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, Terjé Roed-Larsen s’est rendu à Aïn el-Tiné.
« C’était un déjeuner de travail entre mon cher ami le président Berry et moi-même, a dit l’émissaire d’Annan à l’issue de son entretien. Le président Berry a réussi à réunir les leaders libanais autour d’une même table afin qu’ils débattent de sujets précédemment tabous. Il a réussi à tenir la barre du navire, permettant ainsi à tous de ramer ensemble et de naviguer dans la bonne direction », a-t-il dit.
Signalons que Terjé Roed-Larsen, qui a été reçu par Saad Hariri en soirée, poursuivra aujourd’hui ses entretiens avec les responsables libanais, à commencer par le Premier ministre, Fouad Siniora.

L'Orient Le Jour.

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